lundi 5 novembre 2012


   Les interventions d'urgences et les conséquences géopolitiques

 
      Le cyclone Nargis qui balaya, en 2008, la Birmanie a causé approximativement 138 000 morts et disparus. Le nombre important de décès est dû, entre autres, à la force de l’ouragan. Par contre, le peu d’interventions d’urgence est aussi en cause dans ce cas-ci.  Ce sont les mauvaises décisions du gouvernement qui sont à blâmer dans cette affaire. Cet ouragan n’a pas qu’amené des décès, elle a aussi entraîné des conséquences au niveau politique. Pour vous aider à bien comprendre les impacts de cette catastrophe, voici un résumé de toutes les erreurs commises ainsi que des soucis du côté de la politique.

 

La réaction du gouvernement face à l’aide internationale

      Le régime militaire en place en Birmanie s’est montré particulièrement fermé quant aux offres d’aide des autres pays. Ils n’acceptaient aucun journaliste et aucune équipe de recherche et de secours. Ils acceptaient par contre les vivres et toutes autres marchandises pouvant être acheminé par leurs propres travailleurs sans avoir à faire entrer des équipes d’urgence de autres pays chez eux. Selon eux, la meilleure aide à apporter à la population était des vivres, des générateurs électriques, des médicaments, des vêtements, des matériaux pour les abris d’urgence et une aide financière.  Les  premières aides sont venues de la Thaïlande et de l’Inde par bateaux et avions. Le pays a insisté pour distribuer lui-même la marchandise reçue auprès des sinistrés, malgré le nombre restreint de bateaux et d’hélicoptères employés pour rejoindre les zones sinistrées. On qualifia cette décision de << sans précédent >> par le programme alimentaire mondial et la PAM s’inquiétait fortement des décisions prises par le gouvernement d’interdire toutes interventions d’urgence dans son pays. Le secrétaire général de l’ONU aurait même tenté de faire accepter les travailleurs humanitaires par la junte militaire, mais son avancée n’aurait pas été reçue telle que souhaité.

 
       Le 14 mai, soit 12 jours après la venue du cyclone, le commandant de l’US Air Force dans le Pacifique a enfin reçu la permission d’envoyer des avions de transport pour transporter du matériel sur l’aéroport internationale de Yangon. Malgré cette sage décision, les États-Unis ont essuyé un refus catégorique de l’armée Birmane de livrer les quelques 400 000 tonnes métriques d'eau potable, de toiles de plastiques, de nécessaires d'hygiène, de couvertures, de filets anti-moustiques, de contenants pour transporter l'eau et de nourriture.

      Le 15 mai, la junte a permis la venue de 160 travailleurs humanitaires indiens, chinois, bangladais et thaïlandais et le 20 mai, l’ONU a reçu le feu vert de la junte militaire pour affecter neuf hélicoptères à l’acheminement de vivres aux victimes du cyclone. À ce moment précis, seulement 20 % de la population avait eu accès à l’aide humanitaire, on ne peut donc pas qualifier d’efficace les décisions du gouvernement concernant les mesures à prendre pour le bien de la population. En effet, l’aide était si mal structurée de la part du gouvernement que la population elle-même devait ramasser les débris et recueillir des denrées alimentaires. Différents groupes au sein de la population ont fait énormément d’efforts afin de distribuer des vivres à la population touchée par le cyclone Nargis. Ces efforts étaient bien souvent réduits à néant par le gouvernement en place, qui formait des frontières et empêchant ainsi les bénévoles de traverser. Ils interceptaient également leurs denrées pour qu’elles soient distribuées par l’armée.

      Finalement, le 23 mai, suite à la rencontre de Ban ki-moon et Than Shwe, la junte militaire accepta de laisser entrer tous les travailleurs humanitaires. Après cette déclaration, l’ONU envoya des experts afin d’évaluer les besoins de la population durement touchée par l’ouragan.

      Malgré l’autorisation reçue, le 25 mai, le gouvernement refusait toujours de laisser accoster un bateau français rempli de vivres, qui mouillait au large de la zone sinistré depuis déjà  8 jours. Des navires des marines américaines et britanniques, qui se trouvaient eux aussi dans le secteur, se voyaient l’accès au port refusé. La junte militaire craignait une invasion armée.

      Le mardi 27 mai, l’ONU et Médecins sans frontières ont affirmés que plusieurs travailleurs humanitaires arrivaient finalement dans le delta de l’Irrawaddy grâce aux nombreux visas que le gouvernement de Birmanie avait enfin octroyés. Malgré ces mesures prises par le gouvernement, les risques d’épidémie restaient élevés à cause de la transmission possible de maladie par l’eau et les moustiques.

      Étonnamment, le 2 juin, soit un mois après le passage de l’ouragan, la moitié des victimes n’avaient pas été secourues...

     
 
 
 
      On peut donc conclure que les autorités birmanes n’ont pas été très efficaces en ce qui concerne les secours à apporter à la population affectée par le cyclone Nargis. On peut également constater que malgré les différents politiques (pays en conflit), l’aide a été fortement proposée, on peut y voir même de l’insistance afin de secourir les sinistrées. L’hésitation venait de la part du gouvernement. L’aide n’est pas seulement venue des pays se situant près de la Birmanie, mais aussi des États-Unis, du Canada et d’autres pays éloignés. Autant des pays près de la zone sinistré que des pays plus reculés, l’aide venait en très grande quantité ; vivres, vêtements, abris, médicaments, dons monétaires etc. Par contre, après la constatation de la réaction du gouvernement face à l’aide étrangère, les dons en argent ont quelques peu diminués. Si l’on compare avec d’autres catastrophes semblables en terme de dégâts, les dons sont moins important pour celui-ci, cela serait dû au caractère controversé du régime birman.

                                                                                            Les bénévoles humanitaires
      Avant que la junte militaire accepte les travailleurs humanitaires à circuler dans le pays et porter secours aux survivants, les seuls bénévoles venaient de la Birmanie même et n’avaient aucune expérience. Ce sont des équipes d’experts européens qui leur ont donné quelques instructions avant que ceux-ci ne quittent Ragoun pour se rendre dans les zones sinistrées. Il est certain que les premiers sauveteurs ont contribué à la survie de la population touchée par la tempête, mais s’ils avaient été expérimentés, cela aurait été encore plus bénéfique. De plus, si les autorités birmanes avaient acceptées dès les premiers jours suivant la catastrophe l’aide qui lui était proposée, l’efficacité des sauveteurs auraient été grandement améliorée.

 





Les Conséquences géopolitiques

      Devant le refus de l'aide internatioanle de la junte militaire en Birmanie, le gouvernement de Georges Bush a décidé de prolonger les sanctions prises par les États-Unis contre la junte birmane d'un an. Il justifie cette prolongation par la <<répression à grande échelle>> de la démocratie, sont toujours <<hostiles aux intérêts des Etats-Unis>> et représentent <<une menace continue et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des Etats-Unis>>.
     
     De plus, les agissements du gouvernement Birman en ce qui à trait aux secours offerts aux sinistrés n'ont pas été très bien reçus à l'échelle internationale. La perception de la population face à la Birmanie a grandement diminuée depuis le cyclone Nargis.
      L’heure tardive à laquelle a décidé d’agir la junte militaire a beaucoup choquée l’opinion publique et les ONG. La perception de ce pays ne s’est guère améliorée, elle s’est plutôt dégradée après le passage de l’ouragan. Déjà, du fait que le gouvernement est dictatorial, la perception de la Birmanie par les pays où la démocratie est à l’œuvre n’était pas très bonne, mais avec la catastrophe qui a frappé le pays, elle l’est encore moins. Les mesures d’urgence, qui étaient plutôt inexistantes, se sont avérées être pratiquement superflues du fait que peu de choses ont été accomplies pendant la période où les travailleurs humanitaires n’avaient pas accès au pays.

 
                       La reconstruction
      Un an après le cyclone Nargis, une bonne partie de la reconstruction avait été faite…par la population elle-même, avec le peu de matériaux qu’ils ont pu trouver, comme des bambous, ce qui n’est pas très résistant en cas de fortes tempêtes. Néanmoins, les habitants se sont retroussés les manches et ont mis leur efforts ensemble afin d’avoir une vie convenable. Ils sont restés solidaires et ont tous contribués à reconstruire les maisons et les bâtisses, à planter dans arbres ainsi qu’à cultiver.

      Par contre, de nombreuses personnes vivent toujours dans des huttes recouvertes de bâches. Aucune mesure n’a été prise par le gouvernement pour empêcher, ou du moins, diminuer les impacts d’une telle catastrophe. La population n’est nullement à l’abris d’une nouvelle tempête qui pourrait surgir.

                                                                                            
                                                                                                            Conclusion
         Association Humanitaire Birm'Unie
          En bref, la Birmanie a énormément souffert du cyclone Nargis qui l’a frappé le 2 mai 2008 en raison, notamment, des mauvaises décisions de la junte militaire qui refusait toute présence étrangère dans son pays. Ainsi, beaucoup de sinistrés n’ont reçu que beaucoup plus tard les secours dont ils avaient besoin. De plus, l'image de la Birmanie s'est beaucoup dégradée avec l'arrivé de l'ouragan Nargis.

 

Marie-Anne Vadeboncoeur

 

Références

Birmanie – Myanmar

AIDE"Trop tard, tout le monde est déjà mort"


 
Cyclone Nargis


 

Birmanie: un an après, le triste souvenir de Nargis

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire