Les interventions d'urgences et les conséquences géopolitiques
Le cyclone Nargis qui balaya, en 2008,
la Birmanie a causé approximativement 138 000 morts et disparus. Le nombre
important de décès est dû, entre autres, à la force de l’ouragan. Par contre,
le peu d’interventions d’urgence est aussi en cause dans ce cas-ci. Ce sont les mauvaises décisions du
gouvernement qui sont à blâmer dans cette affaire. Cet ouragan n’a pas qu’amené
des décès, elle a aussi entraîné des conséquences au niveau politique. Pour
vous aider à bien comprendre les impacts de cette catastrophe, voici un résumé
de toutes les erreurs commises ainsi que des soucis du côté de la politique.
La réaction du gouvernement face à
l’aide internationale
Le régime
militaire en place en Birmanie s’est montré particulièrement fermé quant aux
offres d’aide des autres pays. Ils n’acceptaient aucun journaliste et aucune
équipe de recherche et de secours. Ils acceptaient par contre les vivres et
toutes autres marchandises pouvant être acheminé par leurs propres travailleurs
sans avoir à faire entrer des équipes d’urgence de autres pays chez eux. Selon
eux, la meilleure aide à apporter à la population était des vivres, des
générateurs électriques, des médicaments, des vêtements, des matériaux pour les
abris d’urgence et une aide financière.
Les premières aides sont venues
de la Thaïlande et de l’Inde par bateaux et avions. Le pays a insisté pour
distribuer lui-même la marchandise reçue auprès des sinistrés, malgré le nombre
restreint de bateaux et d’hélicoptères employés pour rejoindre les zones
sinistrées. On qualifia cette décision de << sans précédent >> par
le programme alimentaire mondial et la PAM s’inquiétait fortement des
décisions prises par le gouvernement d’interdire toutes interventions d’urgence
dans son pays. Le secrétaire général de l’ONU aurait même tenté de faire
accepter les travailleurs humanitaires par la junte militaire, mais son avancée
n’aurait pas été reçue telle que souhaité.
Le 14 mai,
soit 12 jours après la venue du cyclone, le commandant de l’US Air Force dans
le Pacifique a enfin reçu la permission d’envoyer des avions de transport pour
transporter du matériel sur l’aéroport internationale de Yangon. Malgré cette
sage décision, les États-Unis ont essuyé un refus catégorique de l’armée
Birmane de livrer les quelques 400 000 tonnes métriques d'eau potable, de toiles de plastiques, de nécessaires
d'hygiène, de couvertures, de filets anti-moustiques, de contenants pour
transporter l'eau et de nourriture.
Le 15 mai, la junte a permis la venue de 160 travailleurs
humanitaires indiens, chinois, bangladais et thaïlandais et le 20 mai, l’ONU a
reçu le feu vert de la junte militaire pour affecter neuf hélicoptères
à l’acheminement de vivres aux victimes du cyclone. À ce moment précis, seulement
20 % de la population avait eu accès à l’aide humanitaire, on ne peut donc pas
qualifier d’efficace les décisions du gouvernement concernant les mesures à
prendre pour le bien de la population. En effet, l’aide était si mal structurée
de la part du gouvernement que la population elle-même devait ramasser les
débris et recueillir des denrées alimentaires. Différents groupes au sein de la
population ont fait énormément d’efforts afin de distribuer des vivres à
la population touchée par le cyclone Nargis. Ces efforts étaient bien souvent
réduits à néant par le gouvernement en place, qui formait des frontières et
empêchant ainsi les bénévoles de traverser. Ils interceptaient également leurs
denrées pour qu’elles soient distribuées par l’armée.
Finalement, le 23 mai, suite à la rencontre de Ban
ki-moon et Than Shwe, la junte militaire accepta de laisser entrer tous les
travailleurs humanitaires. Après cette déclaration, l’ONU envoya des experts
afin d’évaluer les besoins de la population durement touchée par l’ouragan.
Malgré l’autorisation reçue, le 25 mai, le gouvernement
refusait toujours de laisser accoster un bateau français rempli de vivres, qui
mouillait au large de la zone sinistré depuis déjà 8 jours. Des navires des marines américaines
et britanniques, qui se trouvaient eux aussi dans le secteur, se voyaient
l’accès au port refusé. La junte militaire craignait une invasion armée.
Le mardi 27 mai, l’ONU et Médecins sans frontières ont
affirmés que plusieurs travailleurs humanitaires arrivaient finalement dans le
delta de l’Irrawaddy grâce aux nombreux visas que le gouvernement de Birmanie
avait enfin octroyés. Malgré ces mesures prises par le gouvernement, les
risques d’épidémie restaient élevés à cause de la transmission possible de
maladie par l’eau et les moustiques.
Étonnamment, le 2 juin, soit un mois après le passage de
l’ouragan, la moitié des victimes n’avaient pas été secourues...
On peut donc conclure que les autorités birmanes n’ont
pas été très efficaces en ce qui concerne les secours à apporter à la
population affectée par le cyclone Nargis. On peut également constater que
malgré les différents politiques (pays en conflit), l’aide a été fortement
proposée, on peut y voir même de l’insistance afin de secourir les sinistrées.
L’hésitation venait de la part du gouvernement. L’aide n’est pas seulement
venue des pays se situant près de la Birmanie, mais aussi des États-Unis, du
Canada et d’autres pays éloignés. Autant des pays près de la zone sinistré que
des pays plus reculés, l’aide venait en très grande quantité ; vivres,
vêtements, abris, médicaments, dons monétaires etc. Par contre, après la
constatation de la réaction du gouvernement face à l’aide étrangère, les
dons en argent ont quelques peu diminués. Si l’on compare avec d’autres
catastrophes semblables en terme de dégâts, les dons sont moins important pour
celui-ci, cela serait dû au caractère controversé du régime birman.
Les bénévoles humanitaires
Avant que la junte militaire accepte les travailleurs
humanitaires à circuler dans le pays et porter secours aux survivants, les seuls
bénévoles venaient de la Birmanie même et n’avaient aucune expérience. Ce sont
des équipes d’experts européens qui leur ont donné quelques instructions avant
que ceux-ci ne quittent Ragoun pour se rendre dans les zones sinistrées. Il est
certain que les premiers sauveteurs ont contribué à la survie de la population
touchée par la tempête, mais s’ils avaient été expérimentés, cela aurait été
encore plus bénéfique. De plus, si les autorités birmanes avaient acceptées dès
les premiers jours suivant la catastrophe l’aide qui lui était proposée,
l’efficacité des sauveteurs auraient été grandement améliorée.
Les Conséquences géopolitiques
Devant le refus de l'aide internatioanle de la junte militaire en Birmanie, le gouvernement de Georges Bush a décidé de prolonger les sanctions prises par les États-Unis contre la junte birmane d'un an. Il justifie cette prolongation par la <<répression à grande échelle>> de la démocratie, sont toujours <<hostiles aux intérêts des Etats-Unis>> et représentent <<une menace continue et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des Etats-Unis>>.
De plus, les agissements du gouvernement Birman en ce qui à trait aux secours offerts aux sinistrés n'ont pas été très bien reçus à l'échelle internationale. La perception de la population face à la Birmanie a grandement diminuée depuis le cyclone Nargis.
L’heure tardive à laquelle a décidé d’agir la junte
militaire a beaucoup choquée l’opinion publique et les ONG. La perception de ce
pays ne s’est guère améliorée, elle s’est plutôt dégradée après le passage de l’ouragan.
Déjà, du fait que le gouvernement est dictatorial, la perception de la Birmanie
par les pays où la démocratie est à l’œuvre n’était pas très bonne, mais avec
la catastrophe qui a frappé le pays, elle l’est encore moins. Les mesures d’urgence,
qui étaient plutôt inexistantes, se sont avérées être pratiquement superflues
du fait que peu de choses ont été accomplies pendant la période où les
travailleurs humanitaires n’avaient pas accès au pays.
La reconstruction
Un an après le cyclone Nargis, une bonne partie de la
reconstruction avait été faite…par la population elle-même, avec le peu de
matériaux qu’ils ont pu trouver, comme des bambous, ce qui n’est pas très
résistant en cas de fortes tempêtes. Néanmoins, les habitants se sont
retroussés les manches et ont mis leur efforts ensemble afin d’avoir une vie
convenable. Ils sont restés solidaires et ont tous contribués à reconstruire
les maisons et les bâtisses, à planter dans arbres ainsi qu’à cultiver.
Par contre, de nombreuses personnes vivent toujours dans
des huttes recouvertes de bâches. Aucune mesure n’a été prise par le
gouvernement pour empêcher, ou du moins, diminuer les impacts d’une telle
catastrophe. La population n’est nullement à l’abris d’une nouvelle
tempête qui pourrait surgir.
Conclusion
Association Humanitaire Birm'Unie
En bref, la Birmanie a énormément souffert du
cyclone Nargis qui l’a frappé le 2 mai 2008 en raison, notamment, des mauvaises
décisions de la junte militaire qui refusait toute présence étrangère dans son
pays. Ainsi, beaucoup de sinistrés n’ont reçu que beaucoup plus tard les
secours dont ils avaient besoin. De plus, l'image de la Birmanie s'est beaucoup dégradée avec l'arrivé de l'ouragan Nargis.
Marie-Anne Vadeboncoeur
Références
Birmanie – Myanmar
AIDE • "Trop tard, tout le monde est
déjà mort"
Cyclone Nargis
Birmanie: un an après, le triste souvenir de Nargis